entretien avec Martin Giard

Réponse à la lettre ouverte

Entretien avec le groupe énergie-climat

La décennie à venir est cruciale. Tous les secteurs de la société doivent s’engager dans la transition. L’OP doit y prendre sa part.

Les objectifs de décroissance des émissions de GES et de consommation d’énergie pour les établissements publics sont fixés par la loi sur la transition énergétique de 2015 - réduire de 50% la consommation énergétique entre 2012 et 2050 - réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030. Obligation d’un DPE depuis 2007. Obligation d’un bilan carbone (scopes 1 et 2) depuis 2012.

Quelle priorité ont pour vous ces objectifs pour l’OP dans les 5 années à venir ? Comment comptez-vous procéder pour les atteindre ?

MG : Ces objectifs chiffrés sont des objectifs nationaux. Il est de notre responsabilité d’en prendre la plus grande part possible. Si je suis président de l’OP je m’engage à ce que ce soit un objectif prioritaire de l’Établissement.

En ce qui concerne la réduction de la consommation énergétique de 50% pour 2050, je la juge atteignable au niveau de l’OP. Une première étape majeure que je vous propose de lancer au cours du prochain mandat (en s’appuyant sur un financement CPER complété d’un financement crédité sur les économies futures d’énergie) sera le projet de rénovation des bâtiments construits au XXième siècle sur l’ensemble de l’OP : environ 40 000 m2 (principalement sur Meudon et Paris). Lors de cette rénovation, la loi sur la transition énergétique nous obligera à augmenter considérablement la performance énergétique des bâtiments traités, et il est probable que sur ces seuls bâtiments nous irons déjà bien au-delà des 50% de réduction d’énergie visés.

En ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% pour 2030 au niveau de l’OP, la question est plus compliquée, car cela concerne l’ensemble de nos consommations de carbone. Il est donc indispensable de procéder d’abord à un bilan carbone « 3 scopes » de l’Observatoire de Paris. Je m’engage à ce qu’une première approche de ce bilan soit réalisée sur les six premiers mois de la mandature, de façon à en disposer pour notre exercice de prospective que je vous propose de mener sur l’année universitaire 2020-2021. Lors de cette prospective, qui sera ouverte aux questions scientifiques, méthodologiques et d’organisation, la question de notre politique de réduction des GES devra être aussi traitée de façon à aboutir à une charte qui sera applicable à l’ensemble de l’Établissement. Cette charte a vocation à tracer la feuille de route de la diminution de nos émissions de GES, et à définir les modalités pratiques que nous adopterons collectivement pour y parvenir. Cela concernera tous les domaines d’actions pertinents en la matière, dont bien sûr nos déplacements professionnels (diminution des distances parcourues en avion) et les déplacements domicile-travail (aides, incitation, facilitation des mobilités douces). Comme sur cette question il s’agit surtout de changer nos comportements, il est crucial que cette charte fasse consensus.

Bilan carbone : Vous engagez-vous à réaliser un bilan carbone 3 scopes à l’image de celui fait par le labo ISTerre (doc Labos1.5 IST, slides 9-12) ?

MG : Oui, je m’y engage.

MG : Pour l’Observatoire de Paris on ne peut à mon avis atteindre l’objectif fixé que par une rénovation énergétique.

La gestion des missions et de l’informatique est coordonnée avec les laboratoires. Vous engagez-vous à mettre en place et coordonner des actions des laboratoires avec un même objectif (réduction de 50% sur 10 ans) sur ces postes ?

MG : La charte que je vous propose d’établir s’appliquera bien sûr à toutes les entités de l’Observatoire : UMS, UMRs, IMCCE, USN, UFE, et bien sûr aussi à la présidence.

Que pensez-vous des propositions suivantes :

 missions : interdire l’avion pour les trajets courts (train < 6 h typiquement), comme cela est fait dans certaines universités ou établissements (KU Leuven, ETH Zurich)

MG : Ce type de mesures me semblent pertinentes. Je crois que le seuil sur la durée de voyage en train doit toutefois dépendre de la durée de la mission.

 instaurer une taxe carbone sur les missions, qui pourrait être utilisée pour financer la rénovation des bâtiments ?

MG : C’est aussi une proposition qui fait sens, une forme de « compensation carbone ».

Energie : Une pré-étude de panneaux photovoltaïques pour le site de Meudon a été faite par l’association Solaire Citoyen Seine Ouest : Que pensez-vous de cette idée, et éventuellement comment-voyez sa mise en oeuvre ?

MG : C’est une option très intéressante à étudier dans le détail dans le cadre du chantier de rénovation immobilière.

Circulation douce et abris -vélos et circulation : Que pensez-vous faire pour favoriser la circulation douce vers et à l’Observatoire ? Vous engagez-vous à faire installer les abris-vélos achetés depuis de nombreuses années ? Etes-vous favorable à la mise en place de l’Indemnité Kilométrique Vélo ?

MG : Pour Meudon : - discuter avec la Mairie d’une modification du tracé de ses lignes de bus pour avoir au moins une liaison Gare – Observatoire à une cadence correcte, - discuter de notre besoin avec les prestataires de location de velo type « velib », « indigo », etc,- installer des bornes de recharge pour véhicules électriques,

Pour Paris et Meudon : - Oui, il faut installer les abris-vélos achetés, - Oui il faut étudier la mise en place de l’indemnité kilométrique vélo à l’Observatoire et en discuter avec les tutelles partenaires.

Restauration : Vous engagez-vous à ce que le prochain contrat de restauration propose un plat végétarien par jour et se limite à des produits de saison et locaux.

MG : Je m’engage à faire évoluer le contrat de restauration pour prendre en compte ces deux points, les produits consommés devant être issus de filières courtes (les conserves sont aussi une solution pour avoir fruits et légumes en toute saison).

Actions de formation et d’information des personnels : Vous engagez-vous à mettre en œuvre des formations du personnel pour accompagner les changements à mettre en œuvre (par ex. des formations au bilan GES)

MG : Plutôt que des formations, il faut à mon avis des actions de sensibilisation. Pour les bilans GES on pourra s’appuyer sur l’aide et les compétence de l’économe de flux.

Administration

Le CA sortant s’était doté d’une commission Energie-Climat. Souhaitez-vous reconduire cette commission ? avec des modifications ?

MG : Il faut reconduire cette commission et avoir des correspondants dans chaque laboratoire.

Econome de flux : Souhaitez-vous recruter un économe de flux ? Sous quelle forme ? Comment voyez-vous son rôle ?

MG : Il faut recruter cette personne, tout d’abord en CDD, avec un objectif de pérennisation de la fonction.

Le CA a également voté une délibération demandant de "placer la transition écologique au cœur des priorités de l’Observatoire de Paris et à mettre tout en œuvre pour mesurer, suivre et abaisser sa consommation énergétique et son empreinte carbone selon les textes en vigueur."

Quelle place souhaitez-vous donner à la déclaration du CA dans les priorités d’actions de l’établissement ?

MG : J’adhère complètement à cette déclaration.

Positions et actions de l’OP à l’(inter)national et dans la discipline

Pensez-vous interagir avec les tutelles (CNRS, INSU…) pour engager la sobriété énergétique de la discipline ? (cf demandes de Labos 1.5, diapo 22)

MG : Oui, en particulier par l’intermédiaire de la CPU afin d’engager l’ensemble de l’ESR dans la sobriété énergétique.

 demander aux instances de recrutement et d’évaluation (CNAP, Section 17...) de diminuer le poids mis sur des aspects type « nombres de conférences invités » qui de fait encouragent des déplacements coûteux en carbone ?

MG : Oui, il faut qu’ils fassent évoluer leurs critères de façon à ce qu’aucun critère n’incite à des comportements professionnels énergivores.

 pensez-vous qu’il est souhaitable/possible d’intégrer le bilan carbone des projets de la discipline dans leur sélection et leur évaluation, que ce soit au niveau de l’Observatoire ou au niveau national ?

MG : Oui çà doit être possible, de la même façon que certains formats des AO « anglo-saxons » incluent systématiquement un volet « outreach » dans leur évaluation de sélection.

 Acceptez-vous de soutenir (personnellement et au nom de l’observatoire) l’appel pour former les étudiants du supérieur pour décarboner la société et de promouvoir ces enjeux au sein de PSL ?

MG : Je l’ai fait à titre personnel. Le soutien de l’Observatoire fait tout à fait sens, çà doit être discuté en CA.